Par Lotfi BEN KHELIFA
Il est un phénomène qui saute aux yeux et dérange car vécu au quotidien depuis plusieurs années dans la capitale. Il s’agit de celui des migrations rurales où un grand nombre de citoyens se déplacent des zones rurales vers des zones urbaines à la recherche d’un travail ou pour l’exercer directement officiellement ou au noir. La capitale en souffre énormément aujourd’hui du fait de la multiplication inimaginable du nombre des habitants de Tunis et de ses multiples banlieues anciennes et nouvelles. Cela se traduit dans la rue où souvent l’on ne trouve plus le moyen de circuler facilement ni sur le trottoir, ni sur la chaussée face à la déferlante de la vague humaine formée par les citoyens venus de tous les coins de la République à la conquête de l’Eldorado. N’est-ce pas là leur droit le plus absolu, étant donné que notre pays souffre, bien avant la Révolution, de l’accroissement du nombre des chômeurs et parmi eux les diplômés de l’enseigenement supérieur. Le nombre actuel des habitants du gouvernorat de Tunis demeure inconnu. Mais à vue d’oeil, cela pourrait facilement atteindre les trois millions d’âmes ! Et dire qu’il n’en comptait qu’un million d’ahabitants vingt cinq ans auparavant. Or, on ne peut atteindre ce nombre inimaginable qu’en quarante ans au moins. On a donc progressé et fait des pas de géants dans le sens contraire. La situation est peu enviable. Et pour garder l’espoir, on pourrait lancer cette boutade qui résumerait bien l’état des choses : La Tunisie est à Tunis !
Des noms de rues à changer
Notre environnement social n’est point riche du côté des noms des rues situées au centre de Tunis. Ces appellations nous laissent sur notre faim, car elles ne représentent point notre identité culturelle, celle relative à nos grands artistes. Car l’art et la culture sont essentiellement le vecteur du degré du développement socio-économique et politique. Si une grande avenue porte le nom d’un poète tunisien, cela veut dire que le pays n’ignore pas ses grandes figures artistiques. Certes, quelques noms de romanciers, de peintres, de poètes, d’architectes ou de musiciens et chanteurs existent à Tunis, mais concernent des petites rues perpendiculaires à des avenues. Le contraire serait le bienvenu pour que les générations d’aujourd’hui puissent savoir quelque chose sur ces grands créateurs artistiques. Cela permettrait également de gagner l’estime de nos visiteurs étrangers qui s’apercevront qu’un pays comme le nôtre respecte ses artistes, en premier lieu. Faut-il signaler également que nos rues portent les noms d’artistes ou de poètes arabes anciens ou nouveaux. Dans les capitales arabes ou européennes, les noms de nos artistes, toutes disciplines confondues, n’existent pas !